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De la disruption à l'uberisation

La disruption et l'uberisation sont deux expressions utilisées très fréquemment dans le monde professionnel depuis les années 2010. Toutefois, leurs définitions sont quelque peu floues, enclines à des applications parfois inappropriées par des entrepreneurs qui souhaitent tous devenir le prochain Uber ou Netflix. Ainsi, on se retrouve aujourd'hui avec le marché de la pelouse uberisé et le secteur du tissu disrupté...

Afin de mettre au clair ce phénomène particulièrement important qui touche notre société, nous vous proposons aujourd'hui un dossier qui vous fournira les définitions des deux termes (les vraies !), leurs origines, ainsi que des chiffres, acteurs, et bien entendu des livres blancs sur le sujet. Bonne lecture !


Définition de l'uberisation

La disruption est un terme qui existe depuis bien longtemps maintenant. Elle trouve ses origines dans le latin disruptus, et s'applique notamment dans le cadre scientifique pour décrire une rupture soudaine.

À travers les siècles le terme est resté peu utilisé, et ce jusqu’aux années 90, lorsque deux hommes - Jean-Marie Dru, un Français, et Clayton Christensen, un Américain - qui théorisent et popularisent la notion de la disruption dans le cadre du monde professionnel. Christensen définit notamment la disruption comme une innovation, et "une façon de définir le processus de transformation d'un marché". Il explique notamment que la disruption facilite l'accès au plus grand nombre dans un secteur auparavant peu accessible et/ou coûteux (1).

En parallèle, Jean-Marie Dru définit la disruption plutôt comme "une méthodologie dynamique tournée vers la création (...) qui fonctionne comme un outil qui accélère la remise en cause de conventions" (2). Cette accélération permet ainsi de créer des visions nouvelles et favorise l'innovation.

En fonction de l'école à laquelle on adhère, la définition de la disruption peut être vu sous deux angles. Ou bien la disruption se cantonne exclusivement aux start-ups et petites structures (Christensen) qui viennent renverser les entreprises traditionnelles, ou bien l'innovation disruptive peut s'appliquer à n'importe quelle structure, de la plus petite au plus grande (Dru).

Bref, dans un français simple, la disruption est avant tout une transformation, souvent novatrice, remettant en cause des conventions établies dans un ou plusieurs secteurs. Sa popularisation est notamment due à l'utilisation du digital pour faciliter la disruption, mais ce dernier n'est toutefois pas un prérequis obligatoire.

Qu'en est-il, donc, de l'ubérisation ? Pour résumer en une phrase, l'uberisation est une forme de disruption, mais ne peut être considéré comme un synonyme de ce dernier.

L'uberisation trouve ses origines dans le nom de l'entreprise Uber qui, pour rappel, a transformé le secteur du transport privé grâce au digital au début des années 2010. Aujourd'hui, l'uberisation se définit comme un concept permettant aux professionnels et aux clients de se mettre en contact direct sans l'intervention d'un troisième parti (une entreprise de taxis ou un voyagiste, par exemple). L'uberisation se différencie notamment de la disruption dans la mesure où il s'inscrit dans une logique d'économie collaborative (une forme d'économie qui se définit comme pair à pair, ou personne à personne).

En résumé, l'ubérisation équivaut à un concept spécifique de la disruption, alors que la disruption en elle-même englobe toutes formes de transformations remettant en cause les conventions établies dans le monde économique.

Il est intéressant de noter que le terme de disruption est beaucoup plus utilisé que celui de l'uberisation ; en jetant un coup d'oeil sur les tendances de recherche de Google, on voit que hormis une période entre 2016 et 2017 en France, la disruption est bien plus recherchée par les Français. Si l'on étend cette recherche au monde entier, on constatera que l'uberisation est quasi inexistant par rapport à la disruption. Cette disparité peut toutefois s'expliquer, du moins pour les pays anglophones, car le terme de disruption en anglais est bien plus couramment utilisé dans des contextes de tous les jours. Un exemple particulièrement d'actualité à l'heure où nous écrivons ces lignes (fin 2019, lors des grèves contre la réforme des retraites) : "Train disruption". Vous l'aurez deviné, dans les pays anglophones ils ont également des problèmes de retard et d'annulation pour les trains !

 

LA DISRUPTION, UN ÉNIÈME BUZZWORD ?

Pour certains, en France comme aux États-Unis, la disruption est un buzzword, rien de plus, et serait même à proscrire dans la langue business. Nous pouvons d'ailleurs comprendre les objections à ce terme : comme nous vous le disions en début de dossier, la disruption et l'ubérisation sont des termes utilisés à tort et à travers par les entrepreneurs pour décrire n'importe quel projet venant créer une rupture dans un marché existant. Toutefois, cette rupture doit obligatoirement être accompagnée par une ou plusieurs innovations, une distinction que certains ne font pas lorsqu'ils parlent de disruption.

Par ailleurs, un argument pour certains que la disruption n'est rien de plus qu'un buzzword : le terme est une marque déposée dans plusieurs dizaines de pays par l'agence TBWA, dirigée par Jean-Marie Dru.

 

 


Les chiffres de la disruption et de l'ubérisation

5 millions d'abonnés en France pour Netflix, arrivé en France en 2014 contre 4,73 millions pour Canal+ (existant depuis 1984).

Le chiffre d'affaires d'Uber double tous les six mois (source : Observatoire de l'Uberisation).

AirBnB compte près de 40 000 000 de voyageurs à travers le monde (source : Observatoire de l'Uberisation).


Les acteurs de la disruption

La disruption étant plus un concept qu'un secteur, il est impossible de donner une liste d'acteurs qui sont leaders dans le marché. Par conséquent, nous avons choisi de vous présenter quelques exemples d'entreprises ayant réussi une innovation disruptive.

  • Uber
  • Une liste de disruptions sans mentionner Uber ne serait pas une liste complète. Et pourtant, selon l'école de Christensen, Uber ne rentre pas dans la catégorie d'innovation disruptive. Pour clarifier, Christensen définit l'innovation disruptive comme étant un produit innovant bas de gamme ciblant un marché niche qui n'est pas desservie par les systèmes conventionnels. Ce ciblage s'étend par la suite au marché traditionnel, avec en parallèle une amélioration continue du service proposé, et parvient ainsi créer une disruption. Uber ne rentre pas dans cette catégorie, dans la mesure où elle a ciblé un marché existant (celui du taxi) et n'a pas forcément innové, mais a simplement proposé le même service à un prix nettement inférieur grâce à leur business model. Toutefois, pour beaucoup (les adhérents de la théorie de Dru, notamment), Uber reste un exemple classique de disruption.
  •  
  • Wikipedia
  • Wikipedia est un exemple parfait d'innovation disruptive d'un marché qui était monopolisé par les encyclopédies classiques - et horriblement chères - pendant des siècles. En proposant un service en ligne gratuit (qui n'était pas forcément fiable à ses débuts, mais qui l'est devenu au fil des années), le site a réussi à rendre hors sujet les encyclopédies traditionnelles.
  •  
  • Netflix
  • Pour ceux d'entre vous qui sont fans de films anglophones qui se déroulent à l'ère pré-Internet, vous avez certainement vu des magasins du type Blockbuster figurer en arrière-plan plus d'une fois. L'avénement de Netflix - d'abord avec son service d'envoi par poste de DVDs, puis de service de streaming - a effectivement détruit l'industrie de la location vidéo physique grâce à l'innovation disruptive qui l'a accompagné.

Les livres blancs à consulter


Le livre bleu de l'ubérisation positive

Livre blanc de L'Observatoire de l'Uberisation

Un tour d'horizon complet de l'ubérisation et des bienfaits que cette approche peut apporter au monde professionnel et privé.

Comprendre la Blockchain : Anticiper le potentiel de disruption de la blockchain sur les organisations

Livre blanc de U

Ce livre comprend deux parties ; la première explique la technologie, la seconde fournit des études de cas, ou verticales. Pour permettre à chacun de comprendre les enjeux liés à cette technologie.

Vers l’ubérisation de l’expertise comptable ?

Livre blanc de Yooz

Ce livre blanc fait le point sur l'ubérisation, le modèle économique qui a brisé les codes l'industrie des transports privés, et quel application le modèle peut avoir dans l'expertise comptable.

CFO 4.0 : CFO augmenté ou CFO ubérisé ?

Livre blanc de BearingPoint, FI+ & CDO Alliance

A quoi ressemblera le CFO de demain ? Réponse dans ce livre blanc.

Les catalyseurs du changement - Retail et technologie à l’ère de la disruption

Livre blanc de Qubit & Retailweek

Dans ce guide, réalisé en partenariat avec Retail Week, le magazine britannique de référence dans le secteur du retail, Qubit se tourne vers le Royaume-Uni pour analyser les bonnes pratiques adoptées par les enseignes innovantes du plus grand marché e-commerce d’Europe.

La disruption imminente des centres de contact

Livre blanc de Mitel

Les évolutions des centres de contact.