Connexion
15 288 Livres Blancs | 2 555 |
> Accueil / Dossiers / Géopolitique du numérique : Chine, Inde, États-Unis, Europe… où va la souveraineté technologique mondiale ?

Géopolitique du numérique : Chine, Inde, États-Unis, Europe… où va la souveraineté technologique mondiale ?

Livre blanc - "Le guide de l’IA pour les PME" - Salesforce

Le guide de l’IA pour les PME

"Dans ce guide, nous vous présentons des fonctionnalités d' Intelligence Artificielle que l’on trouve dans les CRM les plus sophistiqués et vous montrons comment elles peuvent aider vos équipes à gagner en productivité, en efficacité et à mieux gérer les nouvelles pistes commerciales (leads) au quotidien. Nous vous partagerons également des cas d’usage tirés de la pratique et des résultats obtenus par des petites et moyennes entreprises qui utilisent déjà l’IA pour faire plus avec moins."

Obtenir le livre blanc
Un livre blanc de Logo Salesforce

Le numérique est devenu un enjeu stratégique majeur. Derrière les technologies qui façonnent notre quotidien — intelligence artificielle, 5G, semi-conducteurs, cloud, cybersécurité, réseaux sociaux — se jouent des rapports de force entre puissances économiques. Plus qu’un simple levier de croissance ou d’innovation, la technologie devient une arme d’influence, un outil de domination économique et politique.

La souveraineté technologique désigne la capacité d’un État ou d’un groupe d’États à maîtriser, développer et sécuriser les technologies clés nécessaires à son autonomie stratégique, elle reconfigure les équilibres géopolitiques. Longtemps dominée par les États-Unis, la technologie devient un champ de rivalité stratégique entre puissances : Chine, Inde, Europe… tous investissent massivement pour garantir leur autonomie technologique. La souveraineté numérique n’est plus seulement une ambition industrielle : c’est un impératif stratégique.

Découvrez dans ce dossier comment la technologie redéfinit la géopolitique mondiale, les dépendances stratégiques, et les équilibres de pouvoir — tout en soulevant des défis critiques liés à l’innovation, à la sécurité et à la souveraineté (sécuriser leurs infrastructures numériques, contrôler les flux de données, maîtriser les technologies critiques et définir leurs propres standards).

Bonne lecture !

 


Définition, avantages et enjeux

La souveraineté numérique désigne la capacité d’un État ou d’une région à contrôler son infrastructure technologique, ses données, ses normes, et ses outils numériques sans dépendre de puissances extérieures. Cela touche aux réseaux, aux logiciels, à la fabrication des semi-conducteurs, au cloud, à la cybersécurité, mais aussi à la gouvernance de l’Internet.

Aujourd’hui, une poignée d’acteurs mondiaux — États-Unis, Chine principalement — dominent l’essentiel de ces domaines. L’Europe, malgré son poids économique, dépend encore largement de technologies étrangères. L’Inde, quant à elle, cherche à émerger comme puissance technologique en capitalisant sur ses talents numériques et ses marchés intérieurs massifs.

Cette course pour la souveraineté numérique n’est pas qu’un enjeu technique : elle conditionne les modèles économiques, la défense, l’innovation, la vie privée, la stabilité démocratique.

Les grands enjeux de la souveraineté technologique

• Conflits d’influence mondiale : Les États-Unis cherchent à maintenir leur hégémonie par leurs big tech (Google, Amazon, Apple, Microsoft…). La Chine investit massivement dans ses champions nationaux (Huawei, Alibaba, ByteDance). L’Europe tente de s’affirmer via une régulation stricte et quelques champions industriels. L’Inde, elle, adopte une approche de « souveraineté pragmatique » en s’ouvrant tout en protégeant ses données et ses infrastructures critiques. Qui héberge les données, qui y accède, et à quelles fins ? L’affaire PRISM (NSA) ou le Cloud Act américain ont réveillé les inquiétudes en Europe et ailleurs.

• Fragmentation du cyberespace : Des blocs numériques se forment : cloud souverain, lois extraterritoriales, normes divergentes, contrôle de l’information. L’idée d’un internet mondial libre et ouvert est remise en cause au profit d’une logique de « splinternet ».

• Guerre économique et sanctions technologiques : La bataille pour le contrôle des semi-conducteurs, de l’IA, ou des batteries entraîne des politiques protectionnistes, des restrictions à l’exportation, des boycotts technologiques. Exemple emblématique : la guerre commerciale sino-américaine autour de Huawei ou des puces avancées. L’extrême dépendance aux GAFAM, BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) ou aux fabricants de puces comme TSMC pose des risques économiques et politiques majeurs.

• Sécurité, espionnage et cybersouveraineté : Les États doivent garantir l’intégrité de leurs systèmes numériques. La dépendance à des technologies étrangères devient un risque stratégique (cyberattaques, sabotage, perte de données sensibles). Un pays sans maîtrise technologique reste vulnérable aux cyberattaques, à l’espionnage industriel et à la désinformation.

Les avantages d'une souveraineté numérique maîtrisée

• Sécurité accrue des infrastructures critiques

• Capacité à encadrer l’usage des données des citoyens

• Autonomie industrielle dans des secteurs stratégiques

• Renforcement de la résilience face aux conflits géopolitiques

• Compétitivité économique sur les marchés futurs (quantique, cloud, IA, cybersécurité, etc.)

Les défis de la souveraineté numérique

• Dépendance aux chaînes d’approvisionnement mondiales (puces, terres rares, fabrication)

• Retard d’investissement en Europe ou dans le Sud global

• Difficulté à créer des alternatives crédibles aux géants américains et chinois

• Conflits d’intérêts entre protection des données, innovation ouverte et commerce mondial

• Fragmentation d’Internet (balkanisation numérique)

L’enjeu est double : sécuriser les intérêts stratégiques nationaux (défense, économie, données sensibles) et préserver la compétitivité industrielle et scientifique à long terme.


Les 6 axes stratégiques pour avancer vers la souveraineté numérique

1. Infrastructure souveraine (cloud, 5G, satellites)

L’infrastructure numérique est à la base de tout : communications, défense, intelligence artificielle, administration, services financiers, santé, etc. Or, dans la plupart des pays — y compris en Europe — les fondations technologiques sont encore largement dépendantes d’acteurs étrangers, souvent américains ou chinois.

Clouds hyperscale non-européens (AWS, Azure, Google Cloud), équipements 5G chinois (Huawei, ZTE), satellites privés ou étrangers : ces technologies sont souvent régies par des lois extraterritoriales (comme le CLOUD Act) ou soumises à des risques de cybersurveillance, d’espionnage ou de coupure.

Les infrastructures numériques sont le socle de l’indépendance technologique. Sans maîtrise des data centers, du cloud, des câbles sous-marins, ou des chaînes de fabrication de semi-conducteurs, les États dépendent de puissances extérieures. Construire une infrastructure souveraine, c’est reprendre la main sur la maîtrise, la sécurisation et la gouvernance de ces technologies de base.

Exemples d’actions :

  • • Projet GAIA-X en Europe pour un cloud souverain

  • • Lancement de constellations satellitaires (Starlink, OneWeb, IRIS²)

  • • Déploiement local de réseaux 5G non dépendants d’acteurs chinois

2. Relocalisation des industries critiques

Pendant des décennies, les économies avancées ont externalisé massivement la production industrielle vers l’Asie pour des raisons de coût. Mais la crise du Covid-19, les tensions géopolitiques croissantes (ex : guerre commerciale Chine–États-Unis, invasion de l’Ukraine, conflits sur les terres rares) et les pénuries mondiales de composants ont mis en lumière la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement mondialisées.

Dans le numérique, cette dépendance est particulièrement critique pour des composants ou produits devenus vitaux : semi-conducteurs, batteries, serveurs, fibres optiques, composants de réseau, machines de production, logiciels embarqués…

La relocalisation vise donc à : Réduire la dépendance stratégique vis-à-vis de puissances rivales. Sécuriser les approvisionnements en cas de crise ou de sanction. Retrouver une capacité industrielle de base, condition indispensable à toute ambition technologique durable.

Relocaliser ne signifie pas tout produire sur son sol, mais sécuriser, diversifier et maîtriser les composants essentiels à la stabilité économique et technologique d’un pays ou d’un bloc géopolitique.

Il s’agit donc d’un levier majeur de souveraineté industrielle et numérique, visant à regagner de l’autonomie sur des secteurs-clés.

Exemples d’actions :

  • • Stratégies de relocalisation des usines de semi-conducteurs (ex : Intel en Allemagne, TSMC aux USA)

  • • Fonds européens pour l’électronique (EU Chips Act)

  • • Développement de capacités d’assemblage de serveurs, équipements réseaux

3. Protection des données personnelles et industrielles

À l’ère du numérique, les données sont devenues un actif stratégique majeur, aussi précieux que le pétrole dans l’économie du XXe siècle. Elles alimentent l’intelligence artificielle, structurent les services numériques, pilotent les chaînes industrielles et nourrissent l’innovation. Mais elles représentent aussi un vecteur de vulnérabilité géopolitique : Les données personnelles exposent les citoyens à la surveillance, à la manipulation ou au vol d’identité. Les données industrielles (brevets, savoir-faire, plans d’usine, performances produit) sont ciblées par des cyberattaques ou des pratiques d’espionnage économique. Les données stratégiques (défense, santé, énergie) peuvent être exploitées à des fins coercitives par des puissances étrangères.

Ainsi, la protection des données est une condition sine qua non de la souveraineté numérique, tant pour garantir les libertés publiques que pour préserver la compétitivité et la sécurité nationale.

Exemples d’actions :

  • • Règlement général sur la protection des données (RGPD)

  • • Loi sur la gouvernance des données (Data Governance Act)

  • • Lutte contre le transfert de données extra-UE

4. Normes et gouvernance internationale

La souveraineté technologique ne se limite pas à produire localement ou à protéger ses données. Elle se joue aussi dans un espace moins visible, mais tout aussi décisif : la définition des normes, standards et principes de gouvernance technologique à l’échelle mondiale.

Qui fixe les règles du numérique ? Quels principes régissent l’IA, l’internet, la cybersécurité, la modération des contenus, la portabilité des données ? Quels standards techniques permettent à une technologie de devenir dominante ?

La réponse à ces questions détermine : Qui contrôle les infrastructures et les flux numériques. Quel modèle idéologique prévaut (libéral, autoritaire, protectionniste). Quels pays et entreprises imposent leur vision du monde.

Les normes techniques sont des outils d’influence géopolitique : celui qui les définit peut verrouiller des marchés entiers, façonner des comportements, imposer des dépendances.

Exemples d’actions :

  • • Participation active à l’ISO et à l’ITU

  • • Propositions européennes sur la gouvernance de l’intelligence artificielle

  • • Influence dans les discussions de l’ONU sur le cyberespace

5. Soutien à l’innovation locale

La souveraineté technologique ne se décrète pas, elle se construit sur la durée, par une capacité à innover, concevoir et produire localement des technologies critiques — de la recherche fondamentale jusqu’aux produits industriels. Mais face à la domination des Big Tech (GAFAM, BATX), à la montée en puissance de la Chine et à la concentration mondiale de la propriété intellectuelle, de nombreux pays ou régions (Europe, Inde, Afrique) peinent à transformer leurs talents et leurs laboratoires en champions technologiques globaux.

Soutenir l’innovation locale, c’est : Renforcer l’autonomie stratégique. Stimuler l’économie numérique domestique. Créer des emplois qualifiés et ancrer la valeur sur le territoire. Favoriser des modèles de développement compatibles avec les valeurs locales (démocratie, inclusion, durabilité…).

Exemples d’actions :

  • • Investissements massifs dans les startups deep tech (quantique, IA, cybersécurité)

  • • Appels à projets nationaux et européens (Horizon Europe, France 2030)

  • • Incubateurs souverains et fonds d'investissement publics

6. Diplomatie numérique et alliances stratégiques

À l’heure où la technologie structure les rapports de puissance entre États, la diplomatie ne se joue plus seulement dans les couloirs de l’ONU ou de l’OTAN : elle se déploie dans les enceintes numériques, les comités de normalisation, les coalitions industrielles, les forums de gouvernance de l’IA ou de la cybersécurité.

Dans ce contexte, la diplomatie numérique devient un outil : De projection de puissance (ex : cybersécurité offensive, influence réglementaire). De défense des intérêts stratégiques (ex : contrôle des infrastructures, accès à la donnée). De coopération technologique entre États « compatibles » face aux géants du numérique ou aux régimes autoritaires.

La souveraineté numérique ne se construit donc pas en autarcie, mais à travers des alliances régionales et internationales solides, capables d’offrir des alternatives technologiques viables aux hégémonies existantes.

Exemples d’actions :

  • • Partenariats technologiques transatlantiques (EU-US Trade and Tech Council)

  • • Coopération Indo-Européenne sur les câbles sous-marins

  • • Positionnement sur les corridors numériques (Afrique, Asie du Sud-Est)


Chiffres clés à connaître

• 70 % des données mondiales sont hébergées sur des serveurs américains (source : CNIL).

• La Chine contrôle 60% de la chaîne mondiale de production des terres rares

• 70% des semi-conducteurs avancés sont produits à Taïwan (TSMC)

L’Europe ne détient que 10 % de la valeur boursière mondiale des entreprises technologiques (source : Eurostat).

• L’Europe ambitionne 20% de la production mondiale de puces d’ici 2030 (objectif Chips Act)


Les livres blancs à consulter

Vous trouverez ci-dessous une sélection de livres blancs traitant de la souveraineté numérique. Bonne lecture !

 


La souveraineté numérique : un enjeu majeur pour protéger les données de votre organisation

Livre blanc de Digdash

"Protection des données, indépendance technologique, conformité réglementaire… DigDash fait le tour de la question dans ce livre blanc."


  •  

Souveraineté numérique : impacts et enjeux pour les entreprises françaises et européennes

Livre blanc de DiliTrust

"Pourquoi la souveraineté numérique reste un aspect important à ne pas négliger pour les entreprises françaises et européennes."

Souveraineté numérique : reprendre le contrôle ou céder à la dépendance ?

Livre blanc de Whaller

"En 2024, la souveraineté numérique n’est plus un concept lointain, réservé aux technophiles ou aux cercles politiques. Elle est devenue le cœur d’un débat crucial : celui de notre capacité à protéger ce que nous avons de plus précieux dans ce monde hyperconnecté – nos données, nos infrastructures et, in fine, notre indépendance."

Entreprise du futur : les enjeux de la transformation numérique

Livre blanc de Institut Mines-Télécom

"Ce livre blanc, rédigé sous la direction de Madeleine Besson, présente un questionnement très actuel sur les enjeux de la transformation numérique pour l’entreprise du futur."

Transformation numérique : une priorité stratégique

Livre blanc de Techniques de l'Ingénieur

"Dans une étude publiée en mars, l’Apec dresse un bilan de la transformation numérique des TPE/PME françaises."

La nouvelle donne des solutions de gestion à l’heure de la transformation numérique des entreprises

Livre blanc de Cegid & IDC

"C'est un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur en France et nous avons franchi un seuil symbolique puisque plus de la moitié des entreprises sont désormais engagés dans un processus de transformation numérique."