Axe prioritaire du recrutement et de la mobilité ?
"Stimulées par les travaux des experts en stratégie, les entreprises ont appris dès les années 1980 à analyser leur position concurrentielle au prisme de leurs ressources. Logiquement, elles se sont progressivement intéressées aux ressources de leurs salariés, c’est-à-dire à leurs « compétences. » Et cette catégorie fait l’objet, depuis, de débats nourris.
Le premier est politique. L’Union Européenne et le World Economic Forum postulent que les économies occidentales vont être fortement perturbées par la concurrence manufacturière des pays émergents. Dans ce jeu concurrentiel mondialisé, les atouts des pays occidentaux sont cognitifs : c’est l’éducation des habitants de ces pays qui doit pouvoir leur permettre de développer des produits et des services plus innovants. Il importerait donc de développer, chez ces salariés, des compétences liées à l’économie de la connaissance.
Un deuxième argument est lié à l’évolution actuelle des postes. La tertiarisation de l’économie occidentale transforme les emplois : une majorité des salariés aurait désormais à se confronter à des clients, à des partenaires extérieurs ou à des tâches plus collectives. Cette évolution fait évoluer les besoins en compétences nouvelles.
Enfin, le troisième argument est lié aux mutations futures des organisations. Les discours sur l’imprévisibilité de l’économie, l’émergence de l’intelligence artificielle et les mutations des postes de travail ont fait monter des préoccupations pour l’adaptabilité des salariés à des emplois, des technologies ou à des modes de travail différents. Cette adaptabilité, elle aussi, est déclinée sous la forme de soft skills à acquérir pour rester employable au gré des évolutions des emplois. Reste que ces arguments ont tendance à engendrer des analyses prescriptives, décontextualisées et jamais validées par des données. En se banalisant, l’idée de compétence devient floue.
Rappeler quelques fondamentaux et donner la main aux gestionnaires RH sont parmi les objectifs (bienvenus) de ce livre blanc (très bienvenu)."