"Néanmoins, les inégalités entre les femmes et les hommes perdurent. Si la part des femmes sur le marché du travail avoisine désormais celle des hommes, 80% des salarié⋅e⋅s dont le salaire n’atteint pas le SMIC sont des femmes, parce qu’elles travaillent à temps partiel. Par ailleurs, les femmes continuent d’être renvoyées prioritairement à leurs devoirs d’épouse et de mère, quand les espaces « publics » sont d’emblée acquis aux hommes. Et ce renvoi à la famille se dit aussi en termes d’inégalité dans le partage des tâches domestiques et parentales, que les hommes ne « partagent » qu’à hauteur de 20% en moyenne.
De fait, les stéréotypes restent prégnants, empêchant une réelle égalité entre les filles et les garçons et entre les femmes et les hommes. Chaque sexe reste marqué par des caractéristiques relevant du « masculin » et du « féminin », ces qualités différenciées qui, depuis toujours, autorisent la domination masculine. Rappelons à ce stade que, malgré les progrès accomplis ces 40 dernières années, la France n’est qu’au 13ème rang de l’Union Européenne pour le taux d’emploi des femmes et au 65ème rang mondial pour la proportion de femmes députées
Ce sont donc les questions de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, de partage des tâches d’entretien et d’éducation des enfants identifiées au care (sollicitude), les questions de l’éducation et de formation pour lutter contre la reproduction des stéréotypes associés au féminin et au masculin, et enfin les questions de parité en politique qui ont retenu l’attention des participantes aux États généraux, et qui feront l’objet des recommandations prioritairement traitées dans ce Livre Blanc.
Plus d’égalité entre femmes et hommes bénéficierait à l’ensemble de la société (et pas seulement aux femmes). Plus d’égalité entre les femmes et les hommes contribuerait à réduire les inégalités sociales, qui apparaissent aujourd’hui comme responsables du mécontentement et du malaise profond en France aujourd’hui. Ainsi, le combat pour l’égalité ne doit pas être un combat de femmes pour les femmes mais bien un combat mené par les femmes et les hommes pour transformer la vie de tous, pour réduire les inégalités sociales, fléau de nos sociétés modernes. Il est nécessaire d’encourager des mesures concrètes, en puisant dans les expériences étrangères.
Parmi les 20 propositions présentées ici pour transformer la vie des femmes et des hommes, certaines sont connues et appliquées ailleurs, tandis que d’autres doivent faire l’objet d’une promotion toujours renouvelée. Elles s’organisent autour de trois axes majeurs : favoriser la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale ; mener de front le combat de l’image pour faire changer les représentations en profondeur ; faire de l’égalité politique une réalité."