Défis de la dématérialisation des paiements en zones rurales au Sénégal.
"Cette étude de cas restitue les enseignements d’un projet de transformation digitale entrepris par la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal avec le support du Programme Alimentaire Mondial et de Sofrecom. (...)
Les campagnes de souscription aux polices d’assurance indicielle de la CNAAS restent aujourd’hui très dépendantes de processus papier et soumises aux difficultés opérationnelles qui y sont liées. Les équipes de Cheikh sont ainsi contraintes d’acheminer et de remettre les bulletins d’adhésion sur le terrain : « parfois l’agent est obligé de faire des kilomètres pour une seule souscription ». En plus des contraintes liées au transport et à l’archivage de ces bulletins, le suivi des opérations s’avère délicat pour les agents : « quand je suis sur le terrain, un producteur peut me dire qu’il a souscrit et versé la prime d’assurance alors que ce n’est pas le cas. »
Le paiement des primes et indemnisations en espèces ou par chèque est fastidieux, source de lenteurs…
Baldé est président d’une Organisation de Producteurs (OP) basée à Kolda, partenaire de la CNAAS et qui réunit plus de 2 000 agriculteurs. Lui-même producteur depuis plusieurs années, son engagement dans la défense des intérêts de ses confrères l’a poussé à la tête de son OP. Epaulé par un bureau de 25 membres, il coordonne les actions de soutien aux producteurs affiliés : négociation des prix des intrants, recherche des meilleurs débouchés ou encore sécurisation des récoltes.
Sur le terrain, l’OP délègue une équipe d’animateurs notamment en charge de sensibiliser les producteurs à l’assurance indicielle, de faire signer les bulletins d’adhésion et de collecter le paiement des primes. La collecte des primes, versées en espèces par les producteurs, est fastidieuse et source de nombreuses difficultés. Si chaque village nomme un producteur leader, chargé de centraliser la collecte des primes, l’exécution n’est pas toujours optimale. « Lors de la souscription, je dois aller moi-même dans les villages en moto recouvrer la prime des retardataires. Les villages sont distants et je n’ai pas de moyen de déplacement rapide » déplore Baldé."