"Nous le savons tous. Nous sommes entrés dans un nouvel âge de l’information et du journalisme, sans trop savoir sur quels nouveaux équilibres cette période de mutation débouchera. Entre les optimistes, persuadés des formidables opportunités du numérique comme des bienfaits de l’interactivité, et les pessimistes, préoccupés par la tyrannie de l’instantané et les risques d’une dégradation de la qualité de l’information, la polémique n’est pas près de s’éteindre. D’autant que le monde des médias – presse écrite, audiovisuel, sites Internet – est secoué par la quête de nouveaux équilibres financiers pour assurer son avenir. Comment les journalistes peuvent-ils, dans ce contexte, renouveler leur métier sans déroger à leur rôle de « passeurs d’informations », indispensable au jeu démocratique ?
Pour apporter des éléments de réponses et des pistes de réflexion, l’Ajef, l’Association des journalistes économiques et financiers, la plus ancienne des associations françaises de journalistes, a décidé de renouer avec une vieille tradition, celle des « livres blancs ». Le premier remonte à… 1971. Le deuxième à 1980. Il était temps, avec ce Livre blanc 2010, de prendre en compte les bouleversements intervenus depuis trente ans pour dresser un nouveau bilan. Et de rappeler des principes qu’aucune nouvelle technologie ne saurait remettre en cause. D’autant qu’avec la crise mondiale, rarement le besoin et l’appétit d’informations économiques et financières, de plus en plus complexes, n’ont été aussi vifs.
Le premier constat est aussi clair que lourd d’incertitudes : le plébiscite des citoyens et des consommateurs en faveur de la communication multimédia a bouleversé la donne pour tous les groupes de presse qui cherchent où situer le curseur entre le papier, le son, le visuel et le Web, entre le gratuit et le payant, pour reconfigurer leurs comptes d’exploitation. Un phénomène mondial. Pourtant, parmi les grandes démocraties occidentales, la France paraît aujourd’hui mal armée. Si les principes de la liberté d’opinion et de la liberté d’expression y sont aussi rigoureusement affirmés qu’ailleurs, le poids de l’Histoire continue de peser sur l’organisation et le fonctionnement de l’ensemble des filières de l’information."