Une analyse de la situation des clients précaires en France et à l'étranger.
"En 2004, l’économiste Prahalad écrivait Fortune at the Bottom of the Pyramid (BoP), présentant l’incroyable potentiel de marché que représentent les populations pauvres dans les pays en développement. Dix ans après, de nombreuses entreprises se sont lancées dans l’aventure : Lafarge, Schneider Electric, Véolia, Danone, Essilor, Orange, L’Oréal pour ne citer que quelques exemples français. Si les succès commerciaux annoncés par Prahalad sont encore rares, les entreprises françaises ne semblent pas renier ces approches qualifées de BoP.
Par exemple, fin 2014, Lafarge annonçait que son programme BoP Affordable Housing devait atteindre 8 millions d’euros d’EBITDA sur l’année. Orange rappelait qu’une grande part de son chiffre d’affaires Afrique Moyen-Orient (18%) était imputable à ses clients à la base de la pyramide. A plus d’un titre, c’est le potentiel d’innovation de ces approches qui semble convaincre les entreprises tant elles permettent de réinventer des business models éprouvés depuis plus de cinquante ans. Le dernier exemple en date qui tend à attirer certaines entreprises est le concept de la reverse innovation, consistant à importer dans son pays d’origine une innovation mise en place dans un pays en développement. Il ouvre en cela la voie à un questionnement de plus en plus récurrent : les stratégies BoP peuvent-elle essaimer en paysdéveloppés ? Dans un contexte où la pauvreté a tendance à augmenter et où l’effort de tous est nécessaire, la question mérite d’être posée. Cependant, les différences de contextes ne sont-elles pas si grandes qu’il faudrait envisager ces marchés de manière totalement différente ?"