En seulement quelques années, toute l’industrie du paiement est passée par plusieurs changements structurels d’importance. Pour la plupart silencieuses, ces transformations remettent non seulement en cause la stratégie historique de gestion des paiements, mais elles questionnent aussi plus largement la compétitivité des marketplaces.
"En seulement quelques années, toute l’industrie du paiement est passée par plusieurs changements structurels d’importance. Pour la plupart silencieuses, ces transformations remettent non seulement en cause la stratégie historique de gestion des paiements, mais elles questionnent aussi plus largement la compétitivité des marketplaces.
Ces dernières se trouvent en effet confrontées à un véritable effet de ciseaux : plus elles rencontrent du succès et s’internationalisent, plus la gestion des paiements devient critique pour leur profitabilité.
Dans ce livre blanc, nous vous proposons d’explorer les facteurs de cette criticité accrue. Le succès du modèle tout d’abord, parce qu’il se traduit par une augmentation des volumes et de la complexité des transactions.
L’internationalisation ensuite, parce qu’elle suppose d’élargir la base de clientèle en développant l’acceptation des moyens de paiement alternatifs et locaux.
Les évolutions réglementaires pour terminer: si elles imposent des contraintes nouvelles, elles constituent aussi un encouragement inédit à redéfinir les règles du jeu pour accélérer la croissance à l’international.
Selon le dernier baromètre de la Fevad (iCE/Fevad 3e trim. 2017), les places de marché ou marketplaces concentrent à elles seules près du tiers (28%) du volume d’affaires du commerce en ligne en France, soit une hausse moyenne de 9% par an depuis 2015.
Cette croissance va de pair avec l’internationalisation du commerce en ligne, qui n’a pas non plus cessé de progresser selon la même étude. Les places de marché y jouent encore plus qu’hier leur rôle historique d’intermédiaire entre une clientèle locale et des vendeurs désormais situés aux quatre coins de la planète.
Et les Français y prennent goût. En 2017, près d’un e-acheteur sur deux (41%) a commandé un bien ou un service à l’étranger. Cela place la France un peu au-dessus de la moyenne européenne (40%), mais encore loin derrière l’Espagne, où l’achat transfrontalier concerne 58% des internautes interrogés.
La perspective de vendre à l’international est aussi un accélérateur incontestable du développement du commerce en ligne dans les TPE et PME françaises. Plus d’une sur deux (55%) utilise le commerce en ligne pour exporter ses produits ou ses services et une sur quatre (27%) s’appuie pour cela sur une place de marché.
Dans son étude, la Fevad constate ainsi la poursuite de la baisse du panier moyen (-3,4% sur un an) et, simultanément, une hausse continue de la fréquence d’achat (53% des internautes achètent en ligne au moins une fois par mois en 2017).
La plupart des places de marché constatent ainsi une augmentation forte du volume des transactions qui n’est évidemment pas sans conséquence sur la charge de gestion. A ce phénomène s’ajoutent les conséquences de la généralisation du modèle économique des places de marché.
Sous l’impulsion des géants du secteur, Amazon en tête, le modèle s’est étendu bien au-delà de ses frontières historiques (biens culturels ou électroniques grand public) pour concerner aujourd’hui tous les secteurs d’activité. Du point de vue de l’offre et de la demande, tout semble désormais en place pour que les places de marché jouent pleinement leur rôle.
Elles sont les intermédiaires qui permettent à une clientèle située à peu près partout dans le monde d’accéder à une offre tout aussi mondiale. Reste à rendre possible l’exécution des transactions à une échelle véritablement globale.
Le troisième facteur d’évolution tient à la réglementation, particulièrement en Europe, où le régulateur impose aux places de marché une traçabilité renforcée des transactions en vue de mieux protéger les acheteurs et les vendeurs (DSP1 et DSP2). L’information transactionnelle y gagne une valeur nouvelle. Mais les systèmes et les processus de traitement doivent être adaptés pour répondre à ces nouveaux enjeux."