La convergence du secteur des Télécoms et de l’électricité pourrait avoir un impact majeur sur le développement du continent africain : ce livre blanc vous explique pourquoi.
"Pour la majorité des Africains, les aléas du réseau électrique relèvent de la norme, tant les pannes et les coupures de courant se produisent régulièrement. Les fournisseurs d’électricité n’arrivent pas à s’aligner sur l’augmentation de la demande, phénomène accentué par un faible taux d’urbanisation de 4%. Les compagnies d’éléctricité peinent à inverser cette tendance tant les besoins en investissements sont importants et leur solidité financière est précaire. En effet, la problématique majeure est le déficit de rentabilité des opérateurs électriques africains, notamment dans le secteur de la distribution. Ce déficit, qui est en moyenne d’environ -80%, est dû à la fois à des coûts élevés (270 $/MWh) et à des revenus trop faibles (150 $/MWh). Plusieurs facteurs dont l’impact est négatif sur les économies des pays concernés expliquent ce phénomène : des facteurs d’ordre technique et d’autres non techniques.
Les pertes non techniques sont les plus importantes. Elles concernent majoritairement la sous-tarification, le recouvrement des factures et la fraude. En effet, les tarifs électriques sont un des leviers les plus importants pour améliorer la rentabilité des distributeurs. En Afrique Subsaharienne, ils ne reflètent pas les coûts de fourniture de ce service. En moyenne, les tarifs moyens de vente de l’électricité en Afrique subsaharienne avoisinent 130 à 140 $/MWh. Ces prix de vente ne couvrent pas le coût de fourniture de l’électricité aux différents types de clients et sont en moyenne 40% inférieurs à ce qu’ils devraient être. Dans la plupart des pays, ils ne couvrent même pas les coûts d’investissement, ce qui explique la situation financière des compagnies d’électricité. La résolution de ce problème nécessiterait de mettre en place des politiques tarifaires extrêmement élevées aux dépens des populations à faibles revenus.
La sous-tarification nous amène naturellement aux problématiques de comptage, de facturation et de recouvrement, avec des déficits à tous les niveaux. La couverture du réseau en compteur individuel est faible et peu d’opérateurs ont déjà eu recours à l’installation de compteurs prépayés à grande échelle. De plus, les relevés sont peu fiables du fait en particulier de l’installation très répandue de compteurs partagés (opposés aux compteurs individuels). Cette technique permet de partager les frais élevés d’installation initiale au sein d’une résidence par exemple. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de découvrir que le pays ayant le moins recours à ce procédé est le Sénégal. Le raccordement au réseau étant gratuit pour toute habitation se trouvant à moins de 40 mètres d’une ligne électrique, les ménages acceptent de s’équiper de leur propre compteur."