Témoignages d’experts et guide pratique pour développer vos collaborateurs.
"Les trente dernières années ont révolutionné l’activité économique, avec pour conséquence l’explosion de nouveaux métiers – et la transformation ou la disparition de certains. Aux seules compétences techniques s’ajoutent des compétences non cognitives ou soft skills. Ecoute, pédagogie, empathie, adaptabilité, créativité, gestion du stress... Autant de qualités pourtant indispensables au bon fonctionnement et la compétitivité de l’entreprise. Auteur de nombreux ouvrages et articles de recherche consacrés aux questions d’éducation, de formation, d’apprentissage tout au long de la vie et de validation des acquis de l’expérience, Patrick Werquin analyse et recadre un phénomène appelé à croître en intensité ces prochaines années. Après avoir été économiste à l’OCDE, il est désormais consultant international sur les questions de la formation et de l’emploi* (voir biographie à la fin de l’article).
Compétences transversales ou non cognitives, soft skills… Les termes abondent pour décrire ces compétences nouvelles que les entreprises attendent de leurs collaborateurs et souhaitent développer. Que recouvrent-elles ?
Patrick Werquin – On trouve pour ainsi dire autant de définitions que d’auteurs, chacun ayant tendance à dresser sa propre liste au risque de rendre relativement flou ce concept utilisé notamment dans les enquêtes des chercheurs anglo-saxons auprès des entreprises. Les employeurs interrogés dans le cadre de ces recherches citent fréquemment la capacité à apprendre, le sens du travail en équipe et de la communication, l’écoute et d’empathie… Le danger serait de croire que ces compétences sont les premières que retient un employeur, ce qu’il faut à mon sens nuancer. C’est à niveau technique égal que ces compétences transversales deviennent un critère de différenciation essentiel entre deux candidats. Un garagiste qui recrute attend d’abord de son nouveau salarié qu’il sache réparer une voiture. C’est après ce premier tri seulement et sur la base de compétences « dures » seulement qu’il recrutera le candidat le plus sympathique avec les clients, le plus apte à respecter les horaires de travail ou le plus capable de se débrouiller face à un problème imprévu. Toutefois, le directeurs d’une centrale nucléaire ne recrutera jamais un candidat, si sympathique et souriant soit-il, s’il ne fait pas la preuve de ses compétences purement cognitives."